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CIRCONSCRIPTION MILITAIRE

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L'année 1798 amena à nos populations une autre épreuve: la loi sur la conscription militaire. Comme les guerres républicaines exigeaient beaucoup de « chair à canon », pour en assurer le recrutement régulier, fut votée la loi dite de la Conscription (23 septembre 1798). Auparavant, en France, l'armée royale était formée de volontaires. Dans notre Principauté de Liège, il n'y avait pas d'armée permanente. En temps de paix, un corps de volontaires de 12 compagnies de 50 hommes (600 soldats) assurait l'ordre. En temps de guerre, lorsque notre Principauté était menacée par un ennemi, le Prince-Evêque ordonnait la levée de troupes et organisait la résistance. A Bure, d'après les archives d'Arlon, nous étions même exempts de service. De reste, au XVIII siècle, dans toute la Principauté, aucune levée ne vint arracher nos populations à leurs occupations pacifiques. Ceux qui avaient le goût militaire, l'amour des armes, des batailles, de la gloire militaire, étaient libres de s'engager. Les troupes belges étaient renommées pour leur vaillance. Les « Wallons » étaient donc des volontaires belges. Les volontaires liégeois étaient dénommés « bas-allemands ». Le courage, la loyauté, le respect de la parole donnée de nos soldats étaient légendaires. Lors de l'invasion française, il y avait dans les armées autrichiennes cinq régiments d'infanterie et un régiment de cavalerie « les dragons de Latour ». Il y avait 25 généraux belges dans les armées.
« A Bure, eûmes-nous des amoureux de la gloire militaire? »
Notes de M. Petit, professeur à l'Athénée Royal de Namur. Pour la 1° levée faite en l'an 7, (200 000 hommes) je n'ai rien trouvé concernant Bure; pour la 2° levée de la même année, Bure, peuplé de 322 habitants, doit équiper un conscrit (levée de 150 000 hommes); ceux-ci sont tirés au sort parmi les jeunes gens de l'ensemble du canton, Rochefort en l'occurrence. L'inscription des conscrits des cinq classes décrétée à la fin du Directoire est suspendue en Belgique. Mais le premier consul décide de supprimer cette suspension tout en accordant aux jeunes gens de grandes facilités de ne pas rejoindre l'armée: deux conscrits de Bure, Eloy et Louis Pigeon, demandent un congé à cette occasion. Un conscrit de classe de l'an 11, Marchal Gd. Jh., a été incorporé au 58° de ligne; de la classe de l'an 12 trois jeunes gens, Louviaux, Rondeaux, Wachoury ont été réformés et un Henrotin Jn.Nic. a été incorporé au 8° d'artillerie. En 1798, 200 000 conscrits désignés par le sort reçurent l'ordre de rejoindre les drapeaux. Cette loterie humaine était complètement inconnue dans l'ancienne principauté liégeoise.
Donc les Belges étaient célèbres par leur vaillance. Mais ils n'avaient jamais consenti à se soumettre au service militaire par contrainte, forcés. Nos jeunes gens vont être lancés sur les champs de bataille de l'Europe. Proclamation aux Belges: « Ils s'assureront des lauriers. Ils seront plus dignes dignes de vous. Enflammez leur courage et bientôt leur renommée luira sur vos cheveux blancs. » Ce n'était pas là l'avis de la population, jeunes gens, parents. Jointe à la persécution religieuse, la conscription détermina un soulèvement populaire, la guerre des paysans qui fut noyée dans le sang. Monuments à Hasselt et à Clairvaux. Oublie trop ces braves gens pour honorer des gredins. Ce fut un « mouvement rural », une explosion spontanée de haine contre les « Carmagnoles ». Le courage de ces paysans fut immense, car nul rayon d'espoir n'illumina leur lutte? Ils étaient armés de fléaux, de fourches, d'armes à feu disparates. Arrivés dans un village, un drapeau à croix rouge en tête, des médailles sur leur blouse de travail, ils sciaient l'arbre de la liberté, brûlaient les registres de l'état-civil et allaient chanter un cantique dans l'église délaissée. Cette révoltes des paysans contre la tyrannie française fut surtout sanglante en Campine et en Hesbaye (où les paysans furent fusillés par centaines.) Les réfractaires étaient assimilés aux émigrés: leurs biens, ceux de leurs père et mère étaient confisqués. Les gendarmes les traquaient comme des bêtes fauves. Chez nous, quelques-uns, plutôt que d'obéir, allèrent se cacher dan les grottes et dans les bois.
Si vous avez l'occasion de visiter Clairvaux, Hasselt, allez vous recueillir devant le monument de la guerre des paysans et inclinez-vous devant ces obscurs héros qui ont sacrifié leur vie, dans une lutte inégale, pour deux causes bien belges: l'indépendance et la religion.
Sous Napoléon, le remplacement de gré à gré est autorisé entre le conscrit et le suppléant volontaire. S'ils font ce marché, c'est qu'ils ont tous deux avantage et l'État y gagne. Car ce dont il a besoin, ce n'est pas d'un tel, Pierre ou Paul, mais d'homme aussi capable que Pierre ou Paul de tirer un coup de fusil, de résister aux intempéries, de faire de longues marches. 

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