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LA REVOLUTION FRANCAISE – L'ABBE SWOLFS

Ce qu'on entend dire à Bure il y a 150 ans.
1789 à novembre 1792
Le curé Swolfs (1786 à 1826. 40 ans à Bure)

(copie & reproduction interdite)


Les évènements qui se déroulèrent en France à partir de 1789 attirèrent l'attention de l'Europe. Importance.
On en parle à Bure comme partout ailleurs. Les journaux arrivent lentement. Les moines et les notabilités se transmettent les nouvelles. Ceux qui sortent du village reviennent avec des renseignements. Swolfs. En effet, sur la route de Sedan à Liège, route qui passe par Tellin, Wavreille, Rochefort, Marche...on voit des gens qui se sauvent de France: ce sont des nobles, des prêtres, des officiers. Ils vont chercher asile dans les principautés ecclésiastiques du Rhin. Cette immigration commence en août 1789 et se continue pendant trois ans jusqu'à l'invasion de la Belgique par les Français en 1792. En 1792, le 10 août, Lafayette, commandant de la place de Sedan, arrivait à Rochefort avec sont état-major et des officiers de son corps d'armée qui donc désertaient puisque la guerre était déclarée par la France à l'Autriche. Fait prisonnier par les Autrichiens, il reste quatre ans en captivité en Autriche avant de rentrer en France. Monument Lafayette à Rocherfort:

« Le 13 août 1792, au mépris de tout droit,

La Fayette, défenseur d ela liberté,

Fut arrêté à Rochefort par les Autrichiens. »

QU'EST-CE QU'ON RACONTE A BURE?

Que le 14 juillet 1789, le peuple de Paris, ayant pris 28,000 fusils à l'hôtel des Invalides, s'est lancé à l'assaut de la Bastille (une vieille citadelle qui servait de prison et n'avait qu'une faible garnison). Après avoir massacré mes quelques défenseurs, le peuple démolit. Fête nationale le 14 juillet.
Cet exemple eut sa répercussion à Liège. Depuis 1785, comme je vous l'ai dit, la révolution mijotait. Les Liégeois veulent avoir leur prise de la Bastille, et, le 19 août 1789, ils prennent d'assaut la citadelle (peu de soldats). Il y eût évidemment toutes sortes d'excès comme dans toute révolution: vols, pilages, confiscations, coups, émeutes, emprisonnements, violence de toute sorte. La révolution liégeoise dura une grosse année jusqu'en janvier 1791, date où les armées autrichiennes entrent à Liège rétablissant le Prince-Evêque Hoensbroeck. Les plus compromis des « patriotes » se sauvent en France. Il n'y en a pas de Bure, qui vit toujours tranquillement. Ces patriotes sont des gens de Liège, Dinant, Verviers, Huy, donc des gens de ville qui avaient lu les écrits des « philosophes »et étaient acquis aux idées nouvelles, révolutionnaires. De France, ils vont revenir avec les Révolutionnaires lors de la 1ère occupation française fin 1792.QUE RACONTE-T-ON ENCORE A BURE DES EVENEMENTS DE FRANCE?
On apprend que le 4 août 1789, à l'Assemblée constituante, les privilégiés (les nobles, le clergé) ont renoncé à leurs privilèges. Il n'y a plus de classes différentes. Les ordres, comme on disait, c.à.d. La noblesse, le clergé, le Tiers-Etat, sont supprimés. Tous les citoyens sont égaux devant la loi. « EGAUX DEVANT LA LOI », les citoyens se différencient les uns des autres par leurs occupations, par leur degré de fortune. C'est surtout à partir de ce moment que les émigrés commencent à passer. On apprend que le 2 novembre 1789, tous les biens de l'Église en France sont confisqués. Ils étaient estimés 3 milliards c.à.d. Le 1/5 du territoire français. Les revenus des ces biens assuraient les service du culte, de la bienfaisance, de l'enseignement. Ces biens sont mis à la « disposition de l nation » (!). L'assemblée s'engage à établir à la place un budget des cultes, c.à.d. Payer un traitement aux curés. Ces bien de l'Église, devenus biens nationaux, servent à garantir les assignats, un papier analogue à nos billets de banque. Mais alors que les biens du clergé étaient estimés à 3 milliards, l'Etat multiplie les émissions d'assignats (inflation...) (rien de neuf). En 7 ans il mit en circulation 45 milliards d'assignats... L'assignat ne cesse donc de baisser. De 100 lives, il tombe à 6 sacs, puis à 0. A propos de notre franc... à combien est-il tombé?
On apprend que le désordre règne en France: c'est la misère, l'anarchie, la famine, les émeutes, les brigandages.
On apprend que le 12 juillet 1790, l'Assemblée constituante a voté la Constitution civile du clergé. En réalité, elle s'est érigée en concile des Pères de l'Église. Elle a supprimé, remanié les diocèses. Elle a décidé que les évêques, les curés seraient nommés par le peuple, par les électeurs... Bref, une église schismatique française est organisée. Le clergé doit prêter serment à cette Constitution. 4 évêques sur 131 cédèrent, entre autre Talleyrand, qui plus tard sorti de l'Église, se maria; d'autre part, il fut un grand, admirable diplomate française, joua un rôle de 1er plan sous Napoléon et après. (Congrès de Vienne) Manquait de sens moral, jura fidélité de tous les régimes et les trahit tous. Les curés furent appelés « jureurs » « assermentés ».
Dans les jureurs, il y avait des ambitieux, des timides, des douteux et aussi des gens de bonne foi qui songeaient à rester près de leurs paroissiens pour administrer les sacrements, empêcher que la religion ne soit plus pratiquée. Lorsque Rome condamne le serment, beaucoup se rétractent, et alors sont aussi persécutés, ils doivent émigrer -massacres, déportation, ... échafaud.
Les autres, « réfractaires », « assermentés » furent persécutés de plus en plus: poursuivis, bannis, condamnés à la Guyanne, massacrés, guillotinés. Beaucoup de martyrs. Le peuple ne voulait pas de « curés jureurs ». D'où guerre civile, notamment en Vendée.
Le diocèse de Liège avait des paroisses en France: Givet, Charleville, Fumay, Revin. Tout comme les paroisses de Philippeville et de Mariembourg dépendant du diocèse léiégeois étaient terre française. Ces paroisses furent soumises au nouveau régime. Les électeurs du département des Ardennes françaises nommèrent évêque constitutionnel de Sedan, un certain abbé Philibert, curé de Sedan. Plusieurs prêtres relevant de l'évêque de Liège prêtèrent le serment, « jureurs ». Il y en eut 4 à Charleville. Plusieurs prêtres réfractaires, persécutés, se sauvent dans notre pays. Les curés de Charlemont, Fumay, refusèrent le serment, « réfractaires ». Lors de la 1ère occupation de la Belgique par les Français (1793) certains furent appréhendés et massacrés.

QUE RACONTE-T-ON ENCORE A BURE?

En juin 1791, la fuite du roi, son arrestation, son emprisonnement. La confiscation des biens des émigrés. Le bannissement des prêtres insermentés. Le 20 avril 1792, la guerre est déclarée à l'Autriche par l'Assemblée législative de Paris. (Assemblée législative, 1791 août 1792) L'orage arrive sur nos contrées. Nous allons avoir la 1ère occupation française.

REFLEXIONS

Une des causes de la tranquillité de Bure en cette époque troublée fut ses mauvais chemins. Le réseau de voies de communication qui relie nos villages entre eux, n'existait pas. Mal entretenus, inégaux raboteux, accidentés, mal tracés, rendus impraticables à la moindre intempérie, les rares chemins du temps passé sont restés légendaires. Voyez le vieux chemin vers Grupont et vers St Hubert. Dans la région, il y avait deux grands chemins qui se croisaient à Rocherfort: le premier de St Hubert à Namur, le second de Sedan à Liège. Le 1er de St Hubert à Namur passait par Grupont, Wavreille, Rochefort, Frandeux. Le second de Sedan à Liège traversait Wellon, Wavreille, Rochefort, le Gerny, Marche. Bure était à l'écart de ces lieux de passage. Les villages négligeaient leurs chemins exprès. Ils craignaient de faciliter l'accès de la contrée aux armées ennemies. Le proverbe disait: « Grand seigneur, grande rivière, grand chemin ne sont jamais de bons voisins. Il y avait sans doute des inconvénients: l'abbé Brasseur en rentrant chez lui à Bure tomba d'un rocher et se cassa la tête à Jemelle en 1761.
Extrait d'un mandement de Mgr de Méan, notre dernier Prince-Evêque, le 7 septembre 1793. « La philosophie voltairienne et sa prétendue mission d'éclairer les hommes se réduit, dit-il, à leur apprendre à outrager Dieu et à haïr leurs semblables; l'égoïsme et l'impiété, voilà le principe de l'orgueil, malgré ses magnifiques promesses, partout où elle règne, elle porte la discorde et l'anarchie. Que sont devenues l'innocence des mœurs, la paix des familles, la piété familiale, la fidélité dans le mariage, la bonne foi et la franchise? Toutes ces vertus ont disparu avec la religion. Cette religion sainte, si exactement pratiquée par nos pères, a été méprisée. On n'a plus fréquenté les sacrements. Les jours consacrés au Seigneur ont été destinés à la dissipatin et aux plaisirs. De là cet amour effréné des richesses et du plaisir d'où est né le dégoût de son état, l'envie du bonheur d'autrui, l'indifférence pour le bien public et cette inquiétude factieuse qui appelle les désordres civils et tous les fléaux des révolutions. »

PREMIERE VAGUE FRANCAISE
PENDANT L'HIVER 1792-1794

La 1ère occupation française fut courte. Jemappes, 6 novembre 1792, les Autrichiens battus se retirent. Neerwinden, le 18 mars 1793, les Français battus se retirent. Ils n'ont occupé la Belgique que pendant un hiver pour le malheur de nos ancêtres. D'avril 1793 à juin 1794, les Autrichiens sont encore en Belgique. Le Prince-Evêque règne à Liège. Nous échappons aux plus mauvais moments de la Révolution, de la Terreur. Le 20 avril 1792, la France déclarait la guerre à l'empereur François II qui était rois d'Autriche, comte de Namur, duc de Luxembourg, etc... c.à.d. Souverain des Pays-Bas. Cette déclaration de 1792 va déclencher une guerre européenne qui ne s'achèvera qu'à Waterloo en 1815!! ...Cette guerre devint européenne. A l'Autriche va se joindre la Prusse, puis l'Angletere, puis la Hollande, Naples, l'Espagne, la Russie. Lapolitique anglaise est qu'il e faut pas laisser occuper Anvers, clef du Pas de Calais, de la Tamise. La politique française est d'annexer la Belgique jusqu'au Rhin. Les Anglais sont nos meilleurs protecteurs, non par amour mais par intérêt.
La guerre, sans déclaration de guerre, va ravager notre principauté de Liège, indépendante. Neutre. La révolution liégeoise ayant échoué, les « esprits forts » s'étaient réfugiés en France. Ils demandent l'aide des révolutionnaires français pour revenir. Ils avaient même voté le rattachement, du « Payx de Liège » à la France, l'annexion!! « Les Patriotes »
Les armées. - Dans les armées françaises nous trouvons une légion belge composée de réfugiés politiques belges et liégeois qui avait été organisée par le « Comité révolutionnaire des belges et des liégeois ». Elle était commandée par le namurois Dumonceau. - D'autre part, dans les armées autrichiennes nous trouvons beaucoup de Wallons, c.à.d. Des belges de Wallonie, de Brabant, des Flandres. Recrutés par la voie du volontariat, ils formaient cinq régiments d'infanterie et un de cavalerie: celui des dragons de Latour. Plus de 25 généraux des armées autrichiennes étaient belges.
Nos populations avaient eu beaucoup à souffrir des réformes de Joseph II, des réquisitions des troupes autrichiennes. Elles vont connaître les réquisitions françaises, la persécution religieuse.
Les Français essuyent d'abord plusieurs revers, ce qui provoquent les horribles massacres de septembre. La populace massacre, durant quatre jours et quatre nuits, nobles, prêtres, femmes, vieillards avec des raffinements de cruauté.
A Valmy, le 20 septembre 1792, le général français Dumouriez bal les Prussiens. Le 21, la République es proclamée. Dumouriez est chargé de la conquête de la Belgique. Il lance une proclamation aux Belges par laquelle il déclare venir en « frère », en libérateur. Les Belges se laissent prendre aux belles paroles françaises, et se souvenant du despotisme de Joseph II, accueillent avec joie les « libérateurs ». Ils vont changer d'avis assez rapidement. Le 6 novembre, Dumouriez bat les Autrichiens à Jemappes. Cette victoire lui livre le pays tout entier sauf le Luxembourg où se maintiennent les Autrichiens, dont un régiment occupe Smuid. Pour vivre, ils pillaient la région et étaient donc détestés. Les Français poussaient des pointes jusque St Hubert et c'était encore pour le malheur de nos populations. (de la guerre, délivre-nous Seigneur!)

L'HIVER

L'hiver 1792-1793 fut extrêmement rigoureux; Les grandes opérations militaires sont arrêtées. Les Français sont cantonnés vers Liège et sont entretenus à coup de réquisition. Le pays est frappé d'impôts. Les persécutions contre la religion commencent. Nos populations voient avec horreur les agissements impies des révolutionnaires. La lie du peuple est à la joie, prend le haut du pavé, forme des Clubs de sans-culottes, se coiffe du bonnet rouge et s'arme de piques et chante: ça ira. La Convention, 15-12-9, proclame que les biens des nobles et du clergé seraient mis sous séquestre et serviraient à payer les frais de la guerre de « libération . » Il s'agissait de délivrer la Belgique de ses « tyrans. » Aux Belges à payer les « libérateurs », les « frères . » La Convention décrète que « les propriétés appartenant aux princes, à ses satellites ; aux communautés religieuses seraient mises... sous la sauvegarde de la République F. » Les églises, les monastères, les châteaux étaient pillés effrontément par les sans-culottes. L'hiver, plus d'hostilités; place aux politiciens. Plus de Prince-Evêque. Les Révolutionnaires liégeois proclament la République démocratique liégeoise et convoquent la nouvelle assemblée souveraine: « La Convention nationale liégeoise. Le district de Rochefort, dont nous faisons désormais partie, désigne deux députés, des hommes d'ordre, le 22-1-1793. Le pays fut « révolutionné » par des agents révolutionnaires qui nous traitaient d'esclaves béotiens épais... Ils organisèrent des réunions publiques, arrachent à la population « à coups de sabre » des vœux de réunion à la France. Entourés de sans-culottes, parqués dans l'église, les gens furent contraints d'exprimer leur attachement à la  République par « mode acclamatoire . »

La délivrance.
Au printemps, les Autrichiens battent les Français à Neerwinden le 18 mars 1793. Les Français se retirent. Les Autrichiens sont commandés par le prince de Cobourg (père de notre 1er roi Léopold I). Le pays est délivré. Le Prince-Evêque rentre à Liège. Les anciens pouvoirs sont rétablis pour une année. Le pays de Rochefort est occupé militairement par les Autrichiens qui observent la citadelle de Givet. Les habitants sont frappés de réquisitions, logement, nourriture des troupes, fourniture de guides,, corvées jusqu'à Dinant, livrements de chariots, fois, pailles, avoines, erc... Mais l'occupation autrichienne nous préserve des plus mauvais moments de la Terreur, qui couvrait la France de sang. Robespierre acquit une effrayante renommée: à Paris en 7 jours, il fit couper 1376 têtes; à Lyon, Fouché fait mitrailler les prisonniers; à Nantes, Carrier fait noyer 5000 personnes en 7 mois, jusqu'à des enfants en maillot. Ces nouvelles faisaient trembler tout le monde, surtout les nobles et les prêtres, victimes préférées des tyrans qui gouvernaient la France. Or voici que les armées de plus en plus redoutables de la République arrivent à nouveau. La bataille de Fleurus, le 1 juin 1794, leur livrent toute la Belgique. Les Autrichiens se retirent sur le Rhin. Pour la 1ère fois depuis l'empire romain, un peuple étranger nous impose sa domination.

La Révolution Française.
Cause: libre parole – libre jouissance – incrédulité et la licence des mœurs – les philosophes et les libertins.
Effets: -ruine de l'ancien régime misère -d'autre part réforme de certains abus.
Partisans – les fils spirituels de Voltaire: « Écrasez l'infâme » - les disciples du rêveurs J.J. Rousseau – ceux qui croient que le fanatisme et despotisme (la religion et la monarchie) sont la cause de tous les maux de l'humanité – les francs-maçons.
Mystique française = laïcisme. - courant d'idées où le Christ et son Église n'ont plus de place – les mœurs et les organisations qu'il crée engendre une civilisation matérialiste et païenne – se développent sous des formules neutres qui sont exploitées par tout ce qui est hostile à la religion avec l'aide de la franc-maçonnerie.
Manifestations – plaque sur le pont de Liège par où sont entrées les armées de la Révolution qui ont cependant ruiné notre indépendance, notre richesse. - monument Lafayette – institution du mariage civile-organisation de l'administration communale et laïque des services de l'état civil et des secours publics... On a mis l'Église hors de la cité, de l'école, de la vie publique paralysant son action salvatrice.
Aux chrétiens de vivre une vie plus chrétienne, plus surnaturelle pour rechristianiser la société, de se mettre en garde contre les différents courants: rationaliste – aturaliste -étatiste -marxiste. Il est plus que jamais nécessaire de penser chrétien (juger des faits... le bien, le mal, le convenu), de vivre chrétien (honnêteté, charité, dignité, sacrifices). Se montrer chrétien en politique, éviter les loups avec peau de brebis. Appliquer les encycliques sociales.
Au XVIII siècle, l'Église était l'Église d'État. L'État était catholique, se reconnaissait tel. Brisant l'union de l'Église et de l'État, la Révolution sépare l'Église de l'État. Le catholicisme perd ses privilèges. L'État se proclame neutre, laïc. Avant d'accorder par le Concordat d 1801 une certaine liberté à l'Église, l'État va la persécuter.

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